17 janvier 2011

































Bande Annonce Women Are Heroes
envoyé par womenareheroes. - Les dernières bandes annonces en ligne.







JR est un jeune photographe français plein d’idées qui va photographier les gens là où ils vivent, dans des endroits pas forcément faciles, pas du tout touristiques. Il en tire de magnifiques portraits, souvent gigantesques, qu’il expose in situ, sur les lieux mêmes où les photos ont été prises, à destination donc des principaux intéressés et non des visiteurs des musées et des centres d’art … les rues du monde sont des galeries. Et pas n’importe où : favelas de Rio, townships de Nairobi, bidonvilles de Bombay, ruines de Phnom Penh en pleine reconstruction.

Et grâce à lui les toits de tôles, les murs en ruine, et même les wagons brinquebalants se recouvrent de grandes photographies de visages, regards, sourires, grimaces …. de ceux et de celles qu’on ne voit jamais, ceux qui sont la rançon souffrante de notre bien-être et qu’on préfère le plus souvent ignorer. JR s’était fait connaître en 2007 par Face2Face , une étonnante exposition, grinçante et rafraîchissante, sur le mur de séparation érigé par le gouvernement israélien. Côté palestinien, il avait exposé des visages gigantesques de Juifs orthodoxes hilares, et du côté israélien des photos de Palestiniens rigolards. Effet garanti !

Son nouveau voyage à travers le monde s’intéresse tout spécialement aux femmes, qu’elles soient Brésiliennes, Kenyanes, Indiennes, Cambodgiennes, …. JR part du constat évident que dans les situations de précarité extrême, les femmes souffrent d’une double punition puisqu’aux conditions de vie déplorables s’ajoute généralement la charge des enfants à cause des hommes absents (ou morts), sans compter le poids des traditions le plus souvent en faveur de hommes… Et il faut bien une centuple dose de courage pour affronter tout ça ! La parole des femmes étant en l’occurrence primordiale, JR, le photographe mondialement reconnu, a décidé de la garder, de la transmettre et donc de doubler son expérience plastique et humaine par un film. Dans une première partie très touchante, on peut entendre le désarroi, le fatalisme des femmes de la favela de Morro de Providencia (ironie du nom) qui raconte la guerre des gangs ou les affrontements avec l’armée qui déciment souvent aveuglément les jeunes hommes, laissant des jeunes veuves et des mères inconsolables se battre pour que ça n’arrive pas aux autres. A Kibera, il est question de machisme et du SIDA qui détruit les familles du Kenya comme celles d’autres mégalopoles africaines. En Inde, il est question de la difficile émancipation économique et personnelle des femmes qui tentent d’échapper à un carcan où les crimes d’honneur sexistes sont légion. Quant au Cambodge, ce sont aussi les femmes qui sont à la pointe du combat contre la spéculation immobilière qui menace leurs fragiles habitations.

La parole de ces femmes est édifiante, et leurs visages aussi. Pour échapper à cette morosité, à cette souffrance permanentes, JR demande à ces femmes de rire ou de faire des grimaces devant l’objectif, une parenthèse joyeuse dans un quotidien qui ne s’y prête pas. Puis, une fois les photos tirées, la magie opère : en quelques jours de travail, la favela qui surplombe Rio s’orne de dizaines d’yeux et de sourires qui regardent amusés et interrogateurs les baigneurs des plages mythiques ….plus beau encore, à Kibera, le passage de wagons décorés de regards immenses fait se superposer les yeux aux visages apposés contre les talus en dessous des rails, reconstituant de manière éphémère les visages des femmes du township. Et soudainement, le regard des habitants sur eux-mêmes change, redonnant du poil de la bête à leur dignité bien amochée.

JR par son travail et son engagement, prouve ainsi que l’art peut, ne serait-ce qu’un tout petit peu, changer la vie de ceux qui y ont rarement accès.















1 commentaire:

vos messages ...